Le film Formose Phonique (titre provisoire) est une déambulation dans un musée dont chaque objet est la miniature d’un territoire n’existant pas : des îles n’ayant jamais émergées, des monts dont la roche n’a pas subi de pression, des rivières qui n’ont pas de lit. Les lieux décrits par les personnages émanent de leur fantasmes, mêlent souvenirs et projections. L’anticipation est possible, la Bretagne côtoie les îles d’Asie, l’ensemble des terres émergées s’autorise un regroupement pour donner lieu, à nouveau, à la Pangée. La tectonique (des plaques) retrouve son étymologie grecque, tekton, qui signifie « constructeur » ou « maçon » à travers le récit de ces potentiels îliens.
Inspiré d’un extrait des Villes Invisibles de Italo Calvino, le court métrage traverse la question de l’identité face à un territoire : comment se représente-t-on un espace, individuel ou collectif, lorsque certains de ses éléments constitutifs comme la langue ou l’histoire des anciens n’ont pas été transmis ? Quel imaginaire peut naître de ces inconnues, de ces parties manquantes ? La pierre enregistre-t-elle la mémoire des hommes ?
Les images du film sont tournées à la Maison des Minéraux, dans la salle des minéraux luminescents. Les voix-off seront enregistrées dans des langues formosanes (langues originaires de l’île de Taïwan) lors d’une résidence artistique à Taïwan.
Julie Vacher, mars 2015
Avec l’ENSBA Lyon, le GRAME et le DAC Taïpeï
Site Internet de Julie : http://cargocollective.com/julievacher